77% des commerciaux passent leur temps à tout faire sauf prospecter. Chercher des contacts, vérifier des emails, nettoyer des données.
La prospection locale devrait être simple. Vous savez qui vous cherchez, vous savez où ils sont. Pourtant, les mêmes erreurs reviennent en boucle et transforment une journée de prospection en cauchemar administratif.
Voici les cinq erreurs qui sabotent votre prospection locale, et comment les corriger.
Erreur 1 : Croire que scraper Google Maps suffit
Le piège
Vous trouvez un outil de scraping. Vous lancez une extraction sur "restaurants Paris". Dix minutes plus tard : 500 entreprises. Mission accomplie ?
Pas vraiment.
Scraper Google Maps vous donne ce que Google affiche publiquement :
- Un nom d'entreprise
- Une adresse
- Parfois un numéro (qui sonne à l'accueil)
Ce qui manque pour prospecter
Les informations décisives :
- Nom du décideur (pas "l'équipe")
- Email professionnel (pas contact@ ou info@)
- Mobile direct du gérant
- Entreprise active ?
- Contexte business (ce qu'ils font vraiment)
Sans ces éléments, vous avez un annuaire. Pas une liste de prospects.
Ce qu'il faut faire
L'enrichissement multi-source.
Croisez votre liste de base avec :
- Registres officiels (SIREN/SIRET) → existence légale
- Bases contacts B2B → emails et mobiles vérifiés
- Analyse de sites web → stack techno utilisé
Résultat concret :De 500 noms d'entreprises → 200 prospects contactables avec les bonnes personnes.
Exemple terrain
Avant enrichissement :"Fitness Paris" + adresse + numéro générique
Après enrichissement :
- Marie Dubois, gérante depuis 3 ans
- Email pro : marie.dubois@fitnessclub-paris.fr
- Mobile : 06 XX XX XX XX
- SIREN vérifié actif
- Système actuel : Gymlib
Maintenant vous pouvez appeler Marie directement et personnaliser votre approche.
Erreur 2 : Créer des listes de milliers de prospects
L'illusion de la productivité
Télécharger 5000 prospects dans votre CRM et le partager à votre équipe sales n'est pas de l'ambition. C'est de l'auto-sabotage.
Ce qui se passe réellement :
- Vous avez une liste interminable
- Vous vous sentez submergé
- Vous commencez par les 10 premiers
- Vous abandonnez (ça n'en finit jamais)
Personne ne prospecte 5000 entreprises. Vous n'avez ni le temps, ni les ressources, ni la capacité d'attention.
La bonne approche
Fixez une limite réaliste : 100 prospects/semaine maximum.
Pourquoi 100 ?
- 20 appels par jour sur 5 jours
- C'est gérable
- C'est mesurable
- Vous pouvez personnaliser
Organisez en sprints hebdomadaires
Planning type :
- Lundi matin : recherche + enrichissement
- Lundi - Jeudi : prospection active
- Vendredi : bilan + préparation liste suivante
Répétez.
Les chiffres qui comptent
Scénario A (qualité) :
- 100 prospects qualifiés/semaine
- Taux de conversion : 3%
- Résultat : 3 nouveaux clients/semaine
Scénario B (quantité) :
- 1000 prospects en dilettante
- Taux de conversion : 0,3%
- Résultat : 3 nouveaux clients/semaine
- Temps dépensé : 3x plus
- Stress : 10x plus
La qualité bat la quantité. Toujours.
Erreur 3 : Chercher trop large dès le départ
Le problème
Vous tapez "sport" pour trouver des salles de fitness.
Vous récupérez :
- Piscines municipales
- Stades
- Magasins de sport
- Coachs indépendants
- Clubs de tennis
- Salles CrossFit
- Studios Pilates
- Dojos de karaté
- (quelques salles de fitness noyées dans la masse)
Résultat : deux heures perdues à filtrer au lieu de prospecter.
La solution
Soyez précis dès la recherche initiale.
Au lieu de :
- "sport" → cherchez "salle de fitness", "CrossFit", "studio Pilates"
- "restauration" → cherchez "restaurant japonais", "pizzeria", "brasserie"
- "commerce" → cherchez "boutique vêtements", "épicerie fine", "librairie"
Les mots-clés spécifiques battent les catégories génériques.
Exemple pratique
Vous vendez un logiciel de réservation pour restaurants.
❌ Stratégie large :
- Chercher "restaurants Paris"
- 10 000 résultats (fast-foods, cantines, food trucks, traiteurs...)
- Journée entière à filtrer
✅ Stratégie précise :
- "Restaurant gastronomique Paris" → 20 min
- "Bistrot Paris" → 20 min
- "Brasserie Paris" → 20 min
- Total : 1h pour 3 listes ultra-qualifiées
Bonus : vous adaptez votre pitch selon le type d'établissement.
Le principe
Plus votre recherche est précise → plus vos prospects sont qualifiés → plus votre taux de conversion grimpe.
C'est mathématique.
Erreur 4 : Penser coût par ligne plutôt que coût par conversion
L'erreur qui coûte cher
La plupart des commerciaux optimisent le mauvais indicateur.
Ils pensent :
- "Cette base de données coûte 0,10€ par contact"
- "Celle-ci coûte 0,50€ par contact"
- "Je prends la moins chère"
Le problème : vous optimisez le coût par ligne. Pas le coût par client signé.
Ce qui compte vraiment
La seule métrique qui importe : le coût d'acquisition client.
Scénario A - Base "pas chère" :
- 1000 contacts à 0,10€ = 100€
- Qualité médiocre (emails génériques, infos périmées)
- Taux de conversion : 0,5%
- Résultat : 5 clients
- Coût par client : 20€
Scénario B - Base "chère" :
- 200 contacts à 0,50€ = 100€
- Qualité premium (décideurs directs, data vérifiée)
- Taux de conversion : 4%
- Résultat : 8 clients
- Coût par client : 12,50€
Même budget. 60% de clients en plus. Coût d'acquisition divisé par deux.
Le vrai calcul
Formule à retenir :
Coût par client = (Prix base de données + Temps commercial) / Nombre de clients signésCe qu'on oublie souvent :
- Votre temps vaut de l'argent
- Appeler des mauvais contacts = temps perdu
- Un contact de qualité convertit 5 à 10x mieux
Exemple concret
Vous vendez un SaaS à 2000€/an.
Option cheap :
- Base à 200€ pour 2000 contacts
- 50h de prospection pour 10 clients
- Coût total : 200€ + (50h × 50€) = 2700€
- CAC : 270€/client
Option premium :
- Base à 600€ pour 500 contacts enrichis
- 20h de prospection pour 15 clients
- Coût total : 600€ + (20h × 50€) = 1600€
- CAC : 107€/client
La base "chère" vous coûte 2,5x moins cher par client signé.
Le principe
Arrêtez d'optimiser le prix par contact. Optimisez le coût par conversion.
Un prospect qualifié à 1€ qui convertit à 5% vaut mieux que 10 prospects à 0,10€ qui convertissent à 0,3%.
Erreur 5 : Ne jamais rafraîchir sa data
Le problème invisible
Vous avez une belle liste de six mois. À l'époque, tout était parfait : contacts vérifiés, emails valides.
Aujourd'hui, vous la ressortez.
Résultat :
- 50% des emails rebondissent
- Les numéros ne répondent plus
- Trois entreprises ont fermé
Pourquoi ça arrive
Les entreprises locales changent. Constamment.
Ce qui change en 6 mois :
- Gérants qui vendent
- Directeurs qui partent
- Entreprises qui ferment
- Mobiles qui changent
- Emails qui deviennent inactifs
- Sociétés qui fusionnent
Dans le monde des TPE/PME, ces changements arrivent en permanence.
L'impact chiffré
Étude 2024 sur la prospection B2B :
Une base non rafraîchie depuis 6 mois perd 30% de sa qualité.
Conséquences concrètes :
- Taux de rebond emails : +150%
- Taux de réponse téléphone : -40%
- Taux de conversion global : -35%
Ce n'est pas votre pitch le problème. C'est votre data qui a vieilli.
La solution
Rafraîchissez tous les trimestres minimum.
Pour secteurs volatiles (restauration, retail) : tous les mois.
Ce que "rafraîchir" veut dire
Pas tout reconstruire. Juste re-vérifier :
- Contacts toujours valides ?
- Entreprises toujours actives ?
- Dirigeants toujours en poste ?
- Coordonnées à jour ?
- Statut légal inchangé ?
Temps nécessaire : Une demi-journée tous les 3 mois.
Retour sur investissement : Peut doubler votre taux de conversion.
Planning de rafraîchissement
Trimestre 1 (janvier-mars) :
- Refresh des listes actives
- Nettoyage des contacts périmés
Trimestre 2 (avril-juin) :
- Vérification statuts entreprises
- Mise à jour dirigeants
Trimestre 3 (juillet-septembre) :
- Re-enrichissement contacts
- Validation emails/mobiles
Trimestre 4 (octobre-décembre) :
- Audit complet de la base
- Préparation année suivante
Ce qu'il faut retenir
La prospection locale échoue rarement à cause d'un mauvais produit ou d'un mauvais commercial.
Elle échoue à cause de :
- Mauvais process
- Mauvaises données
- Mauvaises habitudes répétées
Les 5 principes à appliquer
- Enrichir plutôt que scraper
- Qualifier plutôt qu'accumuler
- Préciser plutôt qu'élargir
- Optimiser la conversion plutôt que le prix
- Rafraîchir plutôt que stagner
Le mindset gagnant
Les meilleurs commerciaux ne travaillent pas plus dur.
Ils travaillent mieux.
Avec les bonnes données. Les bonnes méthodes. Les bons indicateurs.
Et vous, combien de ces erreurs faites-vous actuellement ?


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